Le récit de l’Arche de Noé a fait couler beaucoup d’encre, a donné naissance à mille et une interprétations et questions au cours de la vie de l’Église : Est-ce une allégorie du paradis préservé au milieu des eaux de la mort ? Une justification de la hiérarchie de l’Église ? Pourquoi a-t-il été repris de l’épopée de Gilgamesh écrite douze siècles avant notre ère ?
Quoiqu’il en soit, ce récit présente un visage peu accommodant de Dieu, puisque ce dernier n’hésite pas à rayer de la surface de la terre toute vie, excepté une famille et un exemplaire de chaque espèce d’animaux.
Une approche symbolique serait d’y voir une préfiguration du salut offert par l’incarnation dont Saint Ignace de Loyola dans les Exercices Spirituels propose une méditation. Nous allons nous en inspirer pour cette prière.
Au début de ce temps de prière, prenons le temps de préparer notre cœur en nous mettant sous le regard aimant de Dieu. Demandons-lui de ne pas nous arrêter à l’aspect mythique et symbolique de ce passage et de savoir y entrer avec un cœur large et généreux et accueillir le salut offert en Jésus.
Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit. Amen.
Je prends le temps de lire lentement et à voix haute ce passage pour mieux le goûter.
Voici l’histoire de Noé. Parmi ses contemporains, Noé fut un homme juste, parfait. Noé marchait avec Dieu. Il engendra trois fils : Sem, Cham et Japhet. Mais la terre s’était corrompue devant la face de Dieu, la terre était remplie de violence.
Dieu regarda la terre, et voici qu’elle était corrompue car, sur la terre, tout être de chair avait une conduite corrompue.
Dieu dit à Noé : « Je l’ai décidé, c’est la fin de tout être de chair ! À cause des hommes, la terre est remplie de violence. Eh bien ! je vais les détruire et la terre avec eux. Fais-toi une arche en bois de cyprès. […]
Noé entra dans l’arche avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils, à cause des eaux du déluge. Des animaux purs et des animaux impurs, des oiseaux et de tout ce qui va et vient sur le sol, un couple – un mâle et une femelle – entra dans l’arche avec Noé, comme Dieu l’avait ordonné à Noé.
Sept jours plus tard, les eaux du déluge étaient sur la terre. L’an six cent de la vie de Noé, le deuxième mois, le dix-septième jour du mois, ce jour-là, les réservoirs du grand abîme se fendirent ; les vannes des cieux s’ouvrirent. Et la pluie tomba sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits. […] Les eaux montèrent et grossirent beaucoup sur la terre, et l’arche flottait à la surface des eaux. Les eaux montèrent encore beaucoup, beaucoup sur la terre ; sous tous les cieux, toutes les hautes montagnes furent recouvertes. Les eaux étaient montées de quinze coudées au-dessus des montagnes qu’elles recouvraient. Alors expira tout être de chair, tout ce qui va-et-vient sur la terre : oiseaux, bestiaux, bêtes sauvages, tout ce qui foisonne sur la terre, et tous les hommes. Parmi tout ce qui existait sur la terre ferme, tout ce qui avait en ses narines un souffle de vie mourut. Ainsi furent effacés de la surface du sol tous les êtres qui s’y trouvaient, non seulement les hommes mais aussi les bestiaux, les bestioles et les oiseaux du ciel ; ils furent effacés de la terre : il ne resta que Noé et ceux qui étaient avec lui dans l’arche.
Textes liturgiques © AELF, Paris
Pistes de méditations
1. Voir les personnes
Je me place aux côtés de Dieu et dans un premier temps je vois les personnes. Celles qui sont sur la face de la terre, si différentes, aussi bien par leur costume, leur culture que par leur visage : les uns en paix et les autres en guerre, les uns pleurant et les autres riant, les uns en bonne santé et les autres malades, les uns naissant et les autres mourant, etc. Je contemple tous ces peuples en si grand aveuglement, et comment ceux-ci meurent et descendent en enfer. Je réfléchis afin de tirer profit de cette vue.
2. Entendre les personnes
Ensuite, j’entends ce que disent les personnes sur la face de la terre : comment elles parlent les unes avec les autres, comment elles jurent et blasphèment, etc. De même ce que dit Dieu : « Faisons la rédemption du genre humain. » (ici dans le récit, faisons l’Arche de Noé). Et réfléchir ensuite afin de tirer profit de ces paroles.
3. Regarder les personnes
Enfin, je regarde ce que font les personnes sur la face de la terre : par exemple, frapper, tuer, se perdre, etc. De même ce que fait Dieu, réalisant la très sainte Incarnation, etc. (Ici faire passer l’humanité et la création par le bain du baptême, la mort et la résurrection du Christ.) Et réfléchir ensuite afin de tirer quelque profit de chacune de ces choses.
Invitation à une prière personnelle
À la fin, je m’adresse à Dieu, faisant des demandes selon ce que je sentirai en soi, afin de suivre et d’imiter davantage notre Seigneur, ainsi tout nouvellement incarné.
Prière finale
Je peux terminer avec une prière de l’Église, comme un Notre Père.